Cette émotion première de lecteur, omniprésente dès que l’on reprend les albums, court en filigrane chez les héritiers d’Edgar P. Jacobs, dessinateurs et scénaristes, qui ont su en perpétuer l’allant et l’esprit. Et le public répond présent. Le dernier opus, La Vallée des Immortels, tome II, dont nous publions en avant-première quelques extraits, devrait atteindre à son tour des sommets… Au fil de l’avant-dernier ouvrage, signé par François Schuiten, on retrouve encore les signes de l’Egypte antique… dans le labyrinthe du palais de Justice bruxellois. Tunnel secret, hiéroglyphes à décrypter, raccourcis spatio-temporels, réversibilité des choses, des êtres ! Au passage, les auteurs du Dernier Pharaon (2019) auront livré une explication plausible pour les échafaudages qui défigurent depuis près de quarante ans l’imposant bâtiment de la capitale belge : ce serait, selon eux, une cage de Faraday, mise en place pour contenir un rayonnement néfaste venu du fond des âges. Quand la fiction rejoint la réalité… ou le contraire ! Preuve encore : si, dans son album, maître Jacobs avait lancé ses héros dans la quête d’un trésor au cœur de la pyramide, n’y a-t-on pas découvert il y a peu, grâce à la mission ScanPyramids, en plus d’un début de couloir, une cavité de trente mètres de long baptisée Big Void, (« grand vide »), comme une bulle prise entre les millions de pierres ajustées au millimètre ? Un robot miniature pourrait, sitôt les autorisations obtenues, percer une microgalerie et en révéler le contenu. L’aventure se perpétuerait, à la lisière du réel, du virtuel et de l’imaginaire…